La parenthèse FUSAIN

Je pense qu’il est intéressant d'aborder dans le cadre du dessin, l'utilisation du fusain. Souvent décrié, il ne faut pas oublier que c'est quand même le premier moyen d'expression artistique utilisé par l'homme préhistorique. Le fusain a certes des inconvénients mais aussi des avantages souvent ignorés. Sa mise en œuvre se situe entre le dessin et la peinture et fait aussi mieux comprendre la procédure qu’il conviendrait d’adopter pour un dessin au crayon graphique. Les bons peintres seront donc des bons fusinistes, puisque c’est ainsi qu’on nomme ceux qui pratiquent le dessin au fusain.

AVANTAGES 
Le fusain, grâce à la spontanéité du geste, offre plusieurs avantages par rapport au crayon graphite :
- plus de possibilités de teintes et dégradés allant du gris clair au noir charbon
- le travail en hachure et surtout en aplat
- l’approche du sujet est plus rapide ce qui permet des croquis rapides sur le terrain
- peut être utilisé pour les paysages et surtout pour les portraits
- permet des modelés très doux
- un meilleur contraste entre les ombres et la lumière

INCONVÉNIENTS  
Son principal défaut réside dans intégrité. En effet, il est indispensable de « fixer » le fusain pour une conservation correcte (voir « Travaillez au fusain »).

COMPOSITION
Le fusain est fabriqué par carbonisation de différentes essences de bois : saule (un des meilleurs fusains), bouleau, noyer, vigne … et bien évidement le fusain qui lui a donné son nom. Selon le type de bois carbonisé, le fusain aura des duretés différentes.

LA PANOPLIE DES OUTILS « FUSAIN » : matériel simple et peu couteux, excepté le duo-pastello

Sur la photo ci-dessous on trouvera les principaux outils, à savoir :
1 – fusain de forme carré
2 – fusain rond
3 – fusain bâtonnets de différentes duretés
4 - crayons fusain utilisés pour les finitions et détails
5 – estompes ou tortillons
6 – plume (permet un estompage très doux)
7 – pinceau « Duo Pastello » (permet de bien travailler les pigments de fusain)
8 – grattoir utilisé pour tailler le fusain
9 – gommes mie de pain (grise = très tendre pour retirer le fusain, blanche = moins souple)

 

 

Sur cette photo, ne figure pas le porte-crayon qui évite de se salir les mains. Pour cette même finalité, l’utilisation d’un chevalet permet aussi de ne pas poser la paume de la main sur votre travail.

TRAVAILLER AU FUSAIN :

• Choisissez un papier comportant un grain plus ou moins important, le fusain sur papier lisse est pratiquement impossible. Il existe aussi des « papiers velours », les mêmes utilisés pour le pastel.
• Pour commencer, il convient de posséder plusieurs fusains dont on taillera à l’aide d’un cutter, l’une des extrémités. Récupérez ces pigments de fusain dans un récipient : ils vous permettront de recouvrir les grandes zones par l’intermédiaire d’un pinceau doux.
• Après avoir effectué une légère esquisse, on commencera par établir les tonalités des gris les plus claires pour les zones concernées. Pour ce faire, l’application du fusain en hachures ou aplat sera estompée grâce à l’estompe, un chiffon de coton, même les doigts peuvent servir d’outil.
• On « monte » ainsi les tons pour aller vers les foncés en superposant les couches de fusains.
• En cours de travail, des blancs peuvent être ouvert avec la gomme mie de pain, par tapotements ou gommage. Pour des détails très fin, il est intéressant d’utiliser un scalpel ou une lame à rasoir (à utiliser avec précaution pour ne pas endommager la surface du papier).
• Pour terminer, les détails seront ajoutés avec les crayons fusain. A noter qu’il est plus difficile d’estomper ces crayons fusain.
• Reste à fixer ce fusain : pour cette opération vous trouverez dans le commerce des bombes aérosol contenant le fixatif, mais aussi ce même fixatif en bouteille. Évitez les bombes qui n’ont pas une bonne tenue dans le temps et sont plus onéreuses.
  
  Remplissez plutôt un vaporisateur, mettez sous pression, et fixez votre fusain, soit sur le devant du papier ou à l’arrière si ce papier est assez absorbant. Dans ce cas, l’emploi d’un pinceau est possible.

Exercice à réaliser : Pour cet exercice, il convient surtout d’obtenir des zones de gris et noirs de différentes teintes. Réservez des blancs, ici la neige, pour mettre de la lumière dans votre sujet. Vous pouvez aussi en « ouvrir » avec l’aide de la gomme mie de pain.