23 mars 2019

GRAVURE

 Les différentes techniques de gravure       

LA GRAVURE EN RELIEF : son histoire La gravure sur bois fut inventée par les Chinois au début de notre ère. Les Mongols envahirent la Chine et l’Inde et y apprirent le jeu de cartes, distraction favorite du soldat désœuvré. Pour renouveler les jeux de cartes usés, ils utilisaient la technique chinoise de gravure qu’ils répandirent ensuite aux portes de l’Europe. Gutenberg mit au point les différents dispositifs d’impression au XVe siècle : presse, encre et alliage métallique des lettres. L’invention de l’imprimerie et de la gravure est le fruit de plusieurs siècles de travail et leurs origines sont dues à 4 découvertes très anciennes : les sceaux, le papier, l’estampe et les caractères mobiles.

L’ESTAMPE : Le procédé d’estampage remonte aux temps des textes classiques confucéens gravés sur pierre en 175-183 avant notre ère. Gravées en creux, les estampes ne venaient qu’en blanc sur fond noir. L’usage des sceaux permit de perfectionner les techniques. Au début du VIe siècle, l’impression vint en noir (ou rouge) sur fond blanc. Cette découverte contenait le principe même de l’imprimerie.

LA GRAVURE SUR BOIS (Voir illustration A ci-dessous) : Cette technique de reproduction servait déjà au Moyen Âge pour l’impression des étoffes. Vers 1430 apparut le bloc d’impression sur lequel sont gravés textes et illustrations, à savoir l’ancêtre du bloc à lettres mobiles. La technique consiste à évider le motif sur une planche de bois (noyer, poirier, pommier ou encore merisier) à l’aide de gouges ou de canifs à l’aide de gouges ou de canifs. L’encre est appliquée sur la planche aux endroits non creusés. L’imprimeur dépose ensuite une feuille de papier sur sa planche en bois encrée. En exerçant une pression sur l’ensemble il transfert l’encre sur le papier. Albrecht Dürer fut un virtuose de la gravure sur bois. Voir le cycle de l’Apocalypse (1497-1498).

LA LINOGRAVURE :  La technique de la linogravure fait son apparition au milieu du XIXe siècle et ressemble à la gravure sur bois, seul le support change. Le linoléum étant composé de poudre de liège, d’huile de lin, de gomme et de résine comprimées sur une toile de jute permet d’être graver plus facilement. On obtient les mêmes effets qu’avec le bois, mais avec une libération du geste et une plus grande souplesse de la ligne.

L’APPARITION DE LA TAILLE-DOUCE : Au XVe siècle apparaît la gravure en creux sur métal, surtout sur cuivre et sur zinc et devient un procédé de reproduction très prisé. Le pionnier de l’estampe en creux fut le peintre et graveur alsacien Martin Schongauer à la fin du XVe siècle. Il mit en exergue la subtilité de cette technique et ses gravures furent répandues dans toute l’Europe. Albrecht Dürer utilisa aussi cette technique. Outre ses créations très célèbres sur bois, Dürer, en suivant la voie tracée par Martin Schongauer, porta la gravure sur cuivre au sommet de son art. Il explora toutes les facettes et réalisa des gravures dont la portée fut universelle. Dürer s’imposa incontestablement comme le plus grand graveur de son époque.
L’éclosion de la taille-douce fut aussi, en Italie, initiée par les orfèvres Toscans, puis par des graveurs florentins dans l’entourage de Botticelli.

LA GRAVURE EN CREUX OU “TAILLE-DOUCE” (Voir illustration B ci-dessous) : Pour cette technique, l’artiste graveur, à l’aide d’une pointe sèche ou petit burin, creuse sur le métal les sillons représentant le sujet. L’encre appliquée sur la plaque de métal vient remplir les sillons. Une pression est exercée sur la feuille de papier posée sur la plaque. Le papier pénètre dans les sillons et absorbe l’encre.


 
LES OUTILS :  Les adeptes de la taille-douce utilisent le burin, un outil à la pointe d’acier en forme de carré ou de losange. Une des extrémités est taillée en biseau à 45° pour être tranchante. Le burin enlève un copeau de cuivre qu’on appelle la barbe qui est à retirer avant l’impression.  On attribue l’invention du burin au florentin Maso Finiguerra au XVe siècle. La pointe sèche est un outil en acier très affûté qui soulève également cette barbe.

L’EAU-FORTE :  La technique de l’eau-forte apparut au début du XVIe siècle. C’est un procédé “indirect” qui consiste à obtenir la gravure sur métal non plus en creusant les sillons à l’aide d’un outil mais en plongeant la plaque dans un bain d’acide en vue d’une “morsure sélective”. Pour ce faire, la plaque de métal est recouverte d’un vernis pour la protéger contre l’acide. L’artiste grave ensuite son dessin sur le vernis à l’aide d’une pointe en évitant soigneusement de ne pas toucher le métal. Puis la plaque de métal est plongée dans un bain d’acide. C’est le temps d’immersion qui déterminera la profondeur et l’intensité du sillon. La plaque est ensuite rincée à l’eau claire, le vernis retiré, puis l’encrage qui se mettra dans les sillons et enfin l’impression classique par pression.
La première réalisation à l’eau-forte fut l’œuvre du suisse Urs Graf en 1513. Jacques Callot introduit cette technique en France au début du XVIIe siècle et lui insuffle de nouvelles inspirations. Durant ce siècle, Rembrandt laisse son génie s’exprimer aussi bien dans le domaine pictural que dans celui de la gravure à l’eau-forte. Il s’adonna avec tout autant de brio à la gravure à la pointe sèche, ses œuvres faisant de lui le plus grand graveur du XVIIe siècle.
De nombreux peintres célèbres se sont essayés à l’eau-forte du XVIIe siècle à nos jours : Pieter Bruegel, Lorrain, Whistler, Manet, Pissarro, Degas et, plus récemment Miró, Matisse, Picasso, Hopper et Marc Chagall.

AQUATINTE ET LA MANIÈRE NOIRE : Les gravures au burin, à la pointe sèche et à l’eau forte sont certes les techniques de taille-douce les plus connues, mais de nombreuses variantes ont été développées au cours des siècles. L’aquatinte, dérivée de la gravure à l’eau-forte, consiste à recouvrir la plaque d’une couche de poudre de résine. En chauffant la plaque, la poudre va adhérer au métal et le protège lors de l’immersion dans l’acide. À la différence de l’eau-forte, on ne va pas tracer des traits pour les faire mordre par l’acide mais concevoir une couche de protection poreuse qui, sous l’action de l’acide, va produire un grain : seul le métal mis à nu entre les grains de résine est mordu par l’acide. Les surfaces devant rester blanches à l’impression sont réservées à l’aide d’un vernis dur appliqué au pinceau, et ce, avant de plonger la plaque dans l’acide. Grande différence de résultat avec l’eau-forte, l’aquatinte permet d’obtenir des valeurs nuancées, à la manière d’un lavis. Cette technique, apparue au XVIIIe siècle et à été utilisée entre autres par Francisco Goya.
On peut aussi citer la « manière noire », également appelée mezzotinto. Ce procédé est à l’origine destinée à rendre les effets de la peinture. On dépolit la plaque de métal à l’aide d’un berceau (outil à lame courbe finement dentelée) ce qui lui donne une surface aux grains rugueux. La perforation donne au tirage une surface uniformément noire. Le graveur va ensuite, à l’aide d’un brunissoir, polir certaines aspérités de la surface pour qu’elles retiennent moins l’encre. La manière noire permet donc de réaliser toutes les nuances des 1/2 teintes au noir profond ou autre couleur selon l’encre utilisée.

 Ci-dessous : Exemple de travail préparatoire pour gravure et impression. On peut comprendre facilement pourquoi les bons dessinateurs devenaient de bons graveurs.
Comme vous pouvez le remarquer sur cet exemple, le travail « dessin et gravure » nécessite, rigueur, exactitude, finesse, patience aussi. Un bon contrôle de son geste est donc requis. Dans ce travail, les zones ombre et lumière sont obtenues par des hachures directionnelles, plus ou moins larges,parfois croisées pour les zones les plus sombres. Il convient de noter que la gravure est à réaliser à l’envers ce qui pour le dessin ne pose pas les mêmes problèmes que pour une écriture.

Nota : Le dessin que j’ai réalisé aux crayons graphites sur papier format A3 est une image récupérée sur Internet.


 

 

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